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Club de lecture Bibliqueer

Le lieu : vers Montparnasse, à Paris, ou au club de lecture en ligne.

Le genre : très très normal et pas du tout monstrueux.

Début juin, j’ai eu la chance de pouvoir me rendre à un club de lecture trans, événement organisé chaque mois par Bibliqueer. L’évènement se déroule en ligne (le dimanche soir) ou en personne à Paris (le lendemain) et l’inscription coûte 10 € (avec possibilité de tarif de soutien) ; tout est (malheureusement) organisé via Instagram, et il y a un serveur Discord rattaché pour les personnes déjà venues qui souhaitent discuter et approfondir la conversation.

Nous avions rendez-vous pour discuter de La fin des monstres, de Tal Madesta, un court essai autobiographique récemment publié. Malcolm, l’organisateur, m’a rassuré plusieurs fois : pas besoin d’avoir lu le livre entier (ou du tout) pour en discuter. Finalement, j’ai réussi à le lire à temps !

J’arrive donc devant le bâtiment que Malcolm m’a indiqué par message privé. Un petit message et Malcolm m’ouvre la porte : « Installe-toi, prends un café ou un thé, on attend d’avoir tout le monde » ! Sur une table basse, des fruits, des gâteaux maison, du houmous et du pain ; à côté, la machine à café et une bouilloire. Quelques personnes sont déjà arrivées, d’autres viendront plus tard. Il y a des gens en questionnement et d’autres qui sont trans, tout le monde se sourit, j’ai l’impression que l’ambiance est légère dès le départ alors que je ne connais encore personne. Pour la discussion, nous serons finalement huit.

Et puis on commence le club de lecture : Malcolm a fait ses recherches et préparé des questions. Un bâton de parole est échangé pour s’assurer d’avoir une seule personne à la fois qui s’exprime, un outil que j’aime beaucoup (parce que je coupe beaucoup la parole, sans faire exprès, et que ce genre d’aménagement me permet de garder ça en tête). On commence par discourir du public visé par le livre : « selon vous, c’est plutôt un bouquin pour les personnes cis, pour les personnes trans, ou pour tout le monde ? » nous demande Malcolm. On mentionne la journaliste qui a qualifié le bouquin de « plein d’espoir », du fait que certain·es d’entre nous ont eu l’impression tout à fait inverse.

On discute du rapport au passé et à nos anciens prénoms, à ce qu’on veut effacer ou conserver. Une participante nous partage les pratiques juives attachées au passé et à l’oubli, le rapport à l’ancien et à l’indicible. On parle de violence, on parle de doute, on se demande à quel point il faut incarner des stéréotypes pour ne pas « desservir la cause ».

Enfin, on a discuté de l’idée de monstruosité. Tal Madesta tient des propos assez critiques sur la réclamation de la figure du monstre par Paul Preciado et certain·es d’entre nous avaient le sentiment qu’il tente de s’éloigner de cette idée pour nous rendre une idée de normalité, d’acceptabilité. Là-dessus, on était plutôt d’accord. Par contre, aucun consensus sur si on appréciait ça, et là encore le débat était constructif, respectueux, et très instructif !

À la fin de l’atelier, nous avons partagé nos recommandations personnelles. J’inclus pêle-mêle dedans certaines notes que j’ai prises : le documentaire Toute la beauté et le sang versé, l’exposition récemment terminée de la photographe Zanele Muholi, un épisode de Gender Reveal sur le rapport aux hommes des personnes transmasculines, le recueil de poésie Kaddish pour un amour, le roman Dissection d’une fuite d’André Royer (attention, le livre est publié sous son ancien prénom).

La conversation a duré plusieurs heures. Plusieurs heures pendant lesquelles j’ai eu sept interlocuteur·ices sympathiques qui avaient envie de discuter et de débattre. Et ça faisait un bien fou de partager des sentiments et des réflexions avec ce petit groupe : je n’habite plus Paris, mais je retournerai au groupe de lecture en virtuel, c’est certain. Et surtout : j’adore les espaces de discussion sur les ouvrages trans et j’ai trop hâte d’en retrouver un à Grenoble !

Toutes les informations sur le club de lecture trans sont à retrouver sur le compte Instagram de Bibliqueer.

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Alex

Alex a 29 ans et se reconnaît dans les termes trans, transmasc, butch et non-binaire. Il préfère le pronom "il" en français.

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